
Publié le 14 mai 2025 dans CTimes | Auteur : Lan Kuan-Ming | CTIMES
Traduction en anglais par Aledia – Traduction française ci-dessous
Des coûts toujours trop élevés pour les MicroLED
Bien que saluée comme la technologie d’affichage ultime, la MicroLED peine encore à décoller. Les produits commerciaux sont rares, les designs intégrant cette technologie également, et même le marché des objets connectés, pourtant prometteur, tarde à l’adopter. En cause : des coûts de production encore bien trop élevés. De la miniaturisation des pixels aux étapes de transfert massif et de réparation, la fabrication des MicroLED est d’une complexité redoutable. Chaque étape constitue un véritable obstacle.
La société française Aledia adopte une autre approche. Grâce à son procédé propriétaire à base de nanofils, elle espère lever ces verrous techniques et ouvrir la voie à une production plus économique des MicroLED.
Aledia et sa technologie MicroLED à nanofils
Fondée en 2011 en tant que spin-off du CEA-Leti, Aledia travaille sur la technologie MicroLED à nanofils depuis plus de dix ans. Restée relativement discrète à ses débuts, la société a attiré l’attention à partir de 2019, lorsqu’elle a obtenu des financements et lancé sa propre unité de production en 2020. Le procédé d’Aledia repose sur la croissance de nanofils de nitrure de gallium en 3D directement sur des wafers CMOS en silicium, permettant la fabrication de MicroLED bleues en forme de piliers de seulement 3,5 μm de diamètre — un véritable saut technologique pour la miniaturisation des pixels. Contrairement aux substrats en saphir traditionnels — coûteux et peu efficaces — l’utilisation du silicium permet de réduire les coûts, d’améliorer l’efficacité lumineuse et la durée de vie des LED. Le procédé d’Aledia ne nécessite qu’un seul transfert, ce qui réduit considérablement les délais et les coûts, notamment en comparaison des panneaux RGB MicroLED classiques qui requièrent deux transferts successifs. « Nous pensons que la MicroLED a besoin d’une innovation de rupture — et c’est précisément ce que nous proposons », affirme Felix Marchal, Directeur commercial et marketing d’Aledia.
« Nous sommes capables de faire croître les trois couleurs lors d’un seul cycle d’épitaxie, ce qui est une avancée majeure. »
Des puces trop petites ? FlexiNOVA entre en scène
Malgré la performance de ses nanofils, Aledia s’est heurtée à une limite importante : des puces trop petites pour être facilement intégrées. « Nous n’avions pas anticipé à quel point les puces de 3,5 μm seraient difficiles à manipuler pour les intégrateurs », reconnaît Felix Marchal.
« Les MicroLED nécessitent des formats personnalisés selon les applications, du grand affichage modulaire aux dispositifs AR/VR. » Pour y remédier, Aledia a lancé FlexiNOVA, une solution d’assemblage qui regroupe plusieurs nanofils pour créer des puces de tailles variées (15×30, 10×20, 10×10 μm²), compatibles avec un conditionnement en Flip Chip et capables de supporter des courants jusqu’à 6 A pour des performances accrues en luminosité et flexibilité.
FlexiNOVA permet ainsi des formats personnalisés allant de 15×30 à 3,5×3,5 μm². Un seul wafer de 8 pouces peut produire plus de 100 millions de puces, soit l’équivalent de 40 écrans 4K. Les MicroLED d’Aledia fonctionnent par ailleurs sous 6 V ou 9 V, offrant une meilleure compatibilité avec les applications à haute tension et un meilleur rendement lumineux. Leur efficacité quantique externe (EQE) dépasse les 40 %, un chiffre remarquable dans l’industrie.
Industrialisation et écosystème : les prochains défis
Au-delà de l’innovation technologique, l’industrie MicroLED fait toujours face à des enjeux d’écosystème et de montée en échelle. Aledia en est consciente : l’innovation seule ne suffit pas, il faut mobiliser l’ensemble de la chaîne. « Comparée à l’OLED, la MicroLED nécessite une intégration bien plus étroite entre les fabricants d’équipements, les prestataires de contrôle qualité, les fournisseurs de composants et les intégrateurs systèmes », explique Marchal.
Pour favoriser l’adoption sur le marché, Aledia travaille activement avec des fabricants de dalles TFT, et prévoit de livrer des échantillons de produits MicroLED adaptés à leurs besoins d’ici la fin 2025. Plus loin dans le calendrier, Aledia prévoit d’augmenter sa capacité de production de 200 wafers par semaine actuellement à 3 000 wafers par semaine d’ici 2029–2030, avec une infrastructure évolutive pour ajuster les volumes à la demande. Sa nouvelle usine en France devrait être opérationnelle au second semestre 2025.
Les lunettes AR : un axe stratégique pour Aledia
Aledia considère les lunettes AR intelligentes comme l’un des débouchés les plus porteurs pour sa technologie MicroLED à nanofils. Ces dispositifs nécessitent une très haute résolution, une forte luminosité et un excellent rendement énergétique — des qualités clés d’Aledia.
« Nos MicroLED à nanofils ne sont pas seulement petites et efficaces, elles permettent aussi un contrôle directionnel précis de la lumière et une croissance en trois couleurs en une seule étape », précise Marchal. « Cela séduit beaucoup de fabricants de lunettes AR — plusieurs d’entre eux nous ont déjà contactés. » Aledia prévoit de commercialiser ses premiers produits dans les deux ans, tout en poursuivant ses efforts de montée en puissance industrielle.
En direct de Touch Taiwan
Lors du salon Touch Taiwan 2025, Aledia a présenté FlexiNOVA et sa technologie MicroLED à nanofils. Contrairement à d’autres acteurs qui exposaient des prototypes quasi finis, Aledia a mis l’accent sur la pureté, la finesse et la luminosité de son approche technologique.
À l’œil nu, la luminosité est frappante. Sous microscope électronique, les structures de nanofils révèlent un niveau de détail impressionnant. Aucune dalle MicroLED complète n’était encore visible, mais les perspectives sont très prometteuses. « La prochaine fois, nous viendrons avec quelque chose d’encore plus spectaculaire », conclut Marchal.